Littérature

Question

Bonjour je dois faire une dissertation sur la Mort. Pourriez-vous m'aider svp?
Merci à vous

2 Réponse

  • Introduction

    La Mort peut être comprise comme un phénomène purement naturel, la fin matérielle d’un être vivant ou la terminaison de phénomène positif – la mort d’une amitié, d’un amour. Elle personnifie dans ce cas un concept ou une manifestation de l’ordre de la nature mais si l’on se penche sur les mythes ou les interprétations religieuses de ce qu’est la Mort, il en va tout autrement. Elle est personnifié et justifiée sous des explications qui sortent du cadre de la rationalité au point d’engloutir une dimension surnaturelle.
    Puisque la science n’a éludé que les causes de la mort et non ses conséquences – où la mort nous entraîne-t-elle ? –, il est tout naturel que l’Homme l’ait rangée du côté du surnaturel, de l’irrationnel. Une question nous vient alors : sous quels aspects surnaturels la Mort intervient-elle dans la psyché humaine ?    (c'est la problématique).           

    Partie I
    La Mort sous son aspect négatif

    Que l’on fasse référence à la tradition judéo-chrétienne ou aux diverses mythologies de l’Europe pré-chrétienne, la Mort se rattache au Destin, elle en est la fin inéluctable. Et, puisqu’on ne peut saisir rationnellement sa signification, on l’attribue à un commandement divin ; on la symbolise sous une variété de forme ou de figure Les Grecs anciens personnifiaient la Mort sous le nom de Thanatos, fils de la Nuit et frère du Sommeil. Après la christianisation de l’Europe, la Mort fut associée – et l’est toujours, dans le sens commun – au corbeau, dont le chant annonçait de sombres présages et se matérialise sous la forme effrayante de ce qu’on appelle la (grande) Faucheuse. Dès lors, la Mort revêt toute une symbolique négative et inquiétante. Elle est la peur primaire de l’Homme, qui, n’étant pas maître de sa destinée, ne sait comment affronter la fin qui le poursuit inexorablement jusqu’au terme de sa vie.
                
    Dans les mythologies antiques, la Mort possède aussi ce champ sémantique négatif et sordide. On a vu plus haut que chez les Grecs, la Mort – Thanatos – est de la famille de la Nuit. Il nous suffit de se remémorer l’épopée d’Ulysse pour confirmer ces propos : le roi d’Ithaque et ses compagnons, après un long périple, doivent consulter les morts dans une île étrange. Pour mener à bien cette entreprise, ils versent du sang de bœuf sur le sol, c’est seulement de la sorte que les morts, attirés par l’odeur sanguine, viennent à lui. Chaque tradition associe la Mort à des lieux morbides : on songe au royaume souterrain d’Hadès ; ou au Nilfheim – étymologiquement royaume de la nuit – des vikings ; ou encore aux Enfers des chrétiens, réservés aux âmes damnées.
                Ainsi, la Mort a donné lieu à de multiples légendes ou mythes, mais toutes possèdent ce caractère commun d’évoquer une ambiance négative et lugubre. C’est que la Mort est un passage vers une autre vie dont on ne connaît la réelle teneur, et de cette manière elle nous inspire la crainte. Cependant, la Mort peut être interprétée comme un phénomène nécessaire et entraîner un avenir positif.               

    Partie II La mort comme concept nécessaire et inéluctable

    Dans la plupart des croyances humaines, la Mort est la dernière étape de la vie matérielle – ou terrestre –, elle est la fin de l’enveloppe charnelle, qui dans ultime soubresaut libère les forces ascensionnelles de l’esprit. La mort d’un être vivant permet à son âme de rejoindre Dieu ou les Dieux, selon que l’on est monothéiste ou polythéiste. La vie terrestre fut, dans la tradition judéo-chrétienne, cette punition que Dieu, après le péché originel, infligea à Eve et Adam, ainsi qu’à tous leurs descendants. Privés d’une existence paisible dans le jardin d’Eden, où la douceur se mêlait à la joie, les hommes devaient connaître sur terre les maux, la mortalité, et toutes ces âpretés qui sont notre quotidien et que nous subissons en gage de punition au non-respect du commandement divin. La mort fut une sorte de récompense qui garantissait le retour aux lumières divines – du moins pour ceux qui la méritaient.
               

  • Ainsi, la mort n’est pas une fin en soi ; elle nous libère des peines et des soucis. Elle justifie chez les religieux orthodoxes une vie faite de piété et de labeurs, où les jouissances matérialistes, dictées par nos instincts et notre nature, sont refoulées, réprimées au plus profond de son être. C’est le seul moyen d’accéder aux portes du Paradis, après le jugement divin de l’âme. La Mort est donc un passage, une simple étape. Elle peut aussi être un idéal de création ou de régénération. Dans la mythologie nordique, la création du monde résulta de la mise à mort du Géant originel par les Dieux. Odin et ses pairs le démembrèrent afin de constituer chacune des parties de la Terre. Mis à part le caractère macabre et violent d’un tel mythe, il est intéressant de noter que pour les viking, la Mort suffit à donner naissance à notre monde. Un monde qui, chez ce même peuple, est destiné à une mort nécessaire : le mythe du Ragnarok – équivalent du jugement dernier des chrétiens – est celui du combat des Dieux contre leurs éternels rivaux, les Géants.           
     La Mort, dans nombre de mythes ou d’interprétations religieuses, est un passage d’un état primaire et imparfait à une nouvelle existence plus pure et hiératique. Elle est une volonté divine à laquelle nul ne peut se soustraire. Et, pourtant, parce qu’elle est hante l’Homme, il en cherche une échappatoire.      
           
    Partie III L'Homme cherche à se soustraire à la Mort

    S’il est une légende qui illustre au mieux, cette volonté d’échapper à la mort, il s’agit sans doute de celle de Faust. Dans la quête du savoir, le savant a brûlé ses plus belles années ; c’est un vieillard amer qui découvre qu’il n’a rien acquis ni produit qui puisse compenser cette perte. Et, tenté par le suicide, Méphistophélès lui apparaît pour lui proposer en échange de son âme de lui rendre sa jeunesse, et avec elle les mille plaisirs qui combleront ses sens. Faust accepte d’échapper à son propre destin par cet insidieux marché tout en sachant très bien qu’il ne fait que retarder sa mort. La jeunesse qu’il recouvre n’est qu’une illusion de vie car les délices que lui promet Méphisto ne lui procure que dégoût. N’acceptant de se ranger à de telles bassesses, il finit par tomber amoureux de Marguerite. C’est pour déguster les joies du plaisir et de l’amour, dont sa vie d’érudit l’avait interdit, que Faust refuse la mort, ou du moins la reporte. Mais c’est au prix de son âme qu’il le fait.           
     Balzac a repris ce thème de l’homme désespéré qui scelle son destin au moyen d’un marché diabolique. Dans La Peau de Chagrin, le héros, las et sans un sou en poche obtient la légendaire peau de chagrin chez quelque antiquaire orientaliste. Celle-ci peut réaliser absolument tous les désirs de son détenteur mais à chacun de ses vœux elle se rétrécit jusqu’à disparaître en apportant avec elle l’âme de celui à qui elle appartient. Le héros du roman estime que cette chose intrigante, dont il doute tout d’abord de la magie, pourrait le sauver du suicide et combler ce dont sa vie a manqué : la fortune et la reconnaissance. La peau de chagrin a ceci de maléfique qu’elle berne son utilisateur dans l’illusion d’une vie meilleure, sans peine et sans aucune contrainte. Le héros se laisse emporter par tous ses désirs mais lorsque la peau finit par révéler sa petitesse, il sent la Mort approcher et la folie grandit en lui. Bien qu’il s’interdit toute pensée et toute parole qui évoquerait un quelconque désir de peur que la peau ne l’entende, son destin est déjà parvenu à son terme. Sa figure semble toujours plus livide à mesure que les jours avance, sa paranoïa va croissante et son regard est comme éteint. Même s’il pense pouvoir échapper à la mort, il ne vit déjà plus. Et dans une dernière crise de folie, il décède.            
    Ainsi, ces deux œuvres romantiques, par leur thème et leur situation historique, ont pour trait commun de représenter et d’ironiser sur cette volonté qu’ont les hommes de vouloir échapper à leur sort ou à la Mort tout en s’approchant un peu plus d’elle en pactisant avec le diable. Elles nous enseignent qu’en s’écartant du chemin tout tracé de notre destin, on ne fait que le raccourcir ou le pervertir. 

    Conclusion
                            
    Il y a peu de chose qui n’ait autant fasciné l’Homme que la Mort. Elle l’a conduit à diverses interprétations, elle l’a abreuvé de nombreux mythes. Elle peut être associée à des références négatives ou nous plonger dans une atmosphère qui suscite l’effroi, la peur car nous ne savons ce qu’elle est réellement, ce qu’elle nous réserve. Ou, au contraire, elle peut être synonyme de changement, de purification – ne dit-on pas renaître de ses cendres ? Elle possède donc certaines vertus.            
    Quoi qu’il en soit, la Mort bien qu’étant un phénomène naturel, la Mort fait souvent intervenir, dans notre inconscient ou dans notre sens commun, car c’est en partie la religion et les mythes qui le façonnent, le surnaturel.

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